
Bigelow, fondateur en 1998 de la société Bigelow Aerospace, entreprise de construction de modules spatiaux gonflables.
Il est aussi l’un des empereurs de l’immobilier aux Etats-Unis.
Il eu l’idée de fabriquer des habitats spatiaux gonflables en orbite terrestre basse. Il créa Bigelow Space ou Bigelow Space Operations (BSO) afin de se lancer dans la construction et la commercialisation de ce qui pourraient devenir de véritables hôtels spatiaux d’ici quelques années pour milliardaires.
La construction d’hôtels en orbite terrestre est une idée qui suit son chemin depuis les années 1990. Certaines entreprises telles Blue Origin de Jeff Bezos, Virgin Galactic de Richard Branson, Orion Span ou encore SpaceX d’Elon Musk ambitionnent d’être les pionniers de l’hôtellerie spatiale.
Partenariat entre Bigelow et la NASA
A ce titre, il y a une vingtaine d’années, Bigelow a racheté tous les brevets et licences de la NASA sur le projet ‘TransHab’ (contraction de ‘Transit Habitat’) en particulier toute les recherches structurelles sur les stations gonflables ou modules d’habitations en multicouches légères gonflables).
Le module Transhab était constitué d’une paroi de plusieurs couches MMOD (Micro-meteoroid and Orbital Debris) et MLI (Multi-layer insulation) composée de plusieurs épaisseurs en fibres de kevlar et fibres de silice (ce qui lui permet à la fois d’éviter la perforation de la paroi par les micrométéorites et les débris spatiaux et d’assurer son étanchéité thermique tout en le protégeant du rayonnement extérieur).
Une fois gonflé, il prend la forme d’un cylindre de 11 mètres de longueur pour 8,2 mètres de diamètre, offrant un volume interne de 340 mètres cubes pour une masse de 13,154 tonnes.
L’ambition menée par TransHab était servir de module d’habitation pour l’équipage des futures missions habitées martiennes durant leur transit entre la Terre et Mars. Et à terme de remplacer les modules rigides de l’ISS (‘Station spatiale internationale’).
Dans le domaine spatial, l’avantage des structures gonflables placées en orbite est qu’elles permettent une réduction notable de la masse et de l’encombrement au lancement par rapport aux modules utilisés ce qui permet une diminution des coûts.
La NASA ayant reculé sur le projet en 2000, pour des raisons budgétaires, Bigelow n’a pas abandonné. Ainsi il a développé et testé les techniques de l’habitat spatial gonflable, et à créer plusieurs modules gonflables très résistants, le tout sur ses fonds propres.
Bigelow Aerospace place ainsi en orbite, en 2006 et 2007, les prototypes de structure gonflable Genesis-1 et Genesis-2. Ceux-ci fonctionnent jusqu’en 2015 sans rencontrer d’anomalies et permettent à cette société d’acquérir une bonne maitrise de cette technologie.
Bigelow mettra au point deux habitats, nommés B330-1 et B330-2, pouvant évoluer dans l’orbite basse, et pouvant loger jusqu’à six personnes à l’intérieur de ses 330 mètres cubes d’espace extensible. Chaque habitation B330 représente près d’un tiers du volume de l’ISS et mesure 14 mètres de long pour 6,7 mètres de diamètre et pèsent près de 20 tonnes (à comparer aux 420 tonnes de l’ISS…) !
En 2016, la NASA a ajouté à l’ISS un troisième module gonflable baptisé BEAM (Bigelow Expandable Activity Module) de 1,4 tonnes… provenant de sa nouvelle filiale, Bigelow Space Operations. BEAM est un programme permettant de valider la technologie d’habitat extensible pour de futurs équipages pour des programmes de voyages lointains.
En 2017, l’agence spatiale a décidé de prolonger le contrat BEAM pour trois années supplémentaires. BSO souhaite commercialiser et exploiter les deux habitats gonflables que Bigelow prévoit de lancer d’ici 2021.
A cela s’ajoute son module BA 2100, baptisé ‘Olympus’, dont la station peut être utilisée aussi bien comme module de station spatiale ou de transport humain interplanétaire plus grand, plus lourd et le plus performant de Bigelow Aerospace. Ce modèle de 12.6 mètres de diamètre et 54 mètres de long pèse 65 – 70 tonnes et peut contenir jusqu’à 16 personnes. Le tout utilisant la gravité artificielle ! Et pouvant être lancé en une seule fois !
Il est fort à parier que c’est cette dernière qui sera mis en orbite pour ses « hôtels de luxe ».
En habitabilité, la station Olympus fait 2,4 fois l’ensemble du volume de l’ISS,
Le volume pressurisé du module BA 2100 est de 2 250 mètres cubes comparativement à 931 mètres cubes de l’ISS. Olympus est donc plus confortable et coûte 140 fois moins cher que l’ISS (150 milliards $) ! L’ensemble des travaux ont en partie étés financé par des publicités, ce qui a permis d’amortir les tests de cette station.
https://www.bigelowspaceops.com/press/press_021418.php
Partenariat Bigelow – Musk
Début de l’année 2019, Bigelow a signé avec un partenariat public avec Elon Musk.
Il est fort à parier que l’association de la station Olympus de Bigelow et du BFS de Musk fasse des étincelles, et promettent de grands projets pour l’avenir.
Il faut savoir que le lanceur géant 100% réutilisable de SpaceX, le BFR (‘Big Falcon Rocket’) est en cours de finition. Elon Musk avance très vite. Et il est fort probable que le premier vol aura lieu autour de la Lune en 2020-2021 plus tôt que prévu (2023). Le milliardaire japonais Yusaku Maezawa, dit ‘MZ’, fondateur d’un grand site de mode et collectionneur d’art contemporain, et son épouse seront ses premiers passagers pour une durée estimée entre une semaine et deux mois.
Le BFR, conçu comme un véhicule de transport interplanétaire, est capable de placer 240 tonnes en orbite contre 120 tonnes pour le SLS non réutilisable de la NASA et qui coûte 9 fois plus cher que le BFR. Ce monstre mesure 118 mètres de longueur et 10 mètres de diamètre, dont 55 mètres pour le second étage habitable baptisé BFS (‘Big Falcon Ship’ construit en acier soudé inox). L’ensemble à une capacité de chargement de 1 000 mètres cube dont des réserves pour un an et seulement 60 tonnes de fret. Il peut transporter une quarantaine d’astronautes.
Il n’est pas prévu qu’il soit équipé de modules gonflables. Par contre SpaceX envisage de déposer sur la Lune et sur Mars des modules d’habitation gonflables Bigelow.
Le BFS ne séjournera pas plus de 30 jours sur la Lune ou Mars.
Si tout se déroule bien, d’ici trois ans, après que les tests d’automatisation se soient effectués, le tourisme spatial débute.
Certes, les principaux acteurs à en profiter sont des milliardaires. Il faut savoir que cet argent dans leur globalité finance l’ensemble des programmes de recherches spatiales du secteur privé. Secteur privé qui se distingue nettement de la NASA, car il permet le développement réel du spatial en faisant appel à des esprits créatifs et à des autodidactes qui ne sont pas de simples fonctionnaires.
Pendant que la NASA brasse de l’air, Bigelow l’utilise !
Annexe – Chronologie
- Premier vol privé orbital de la Lune en 2021.
- Premier vol privé orbital de Mars en 2025.
Cordialement,