
Ceci n’est pas un pourcentage.
1% c’est plus qu’une statistique, c’est tout un système orchestré par les nantis de la planète pour s’enrichir, faire de l’argent, confisquer et spolier les richesses mondiales.
Système salué par la société et soutenu par les outils sociaux et démocratiques.
Ce système est salué par la planète car être riche c’est être admiré dans nos sociétés, dans un esprit fidèle à Max Weber, L’éthique protestante ou l’esprit du capitalisme : selon le sociologue, la réussite dans les affaires est un signe d’élection divine.
Ce système est soutenu par la société et la démocratie qui favorise l’accumulation du capital et de ce fait les injustices socio-économiques qu’il génère.
De ce système résulte un apartheid à la fois social et économique, entre les nantis et les démunis, qui engendre un apartheid écologique concernant la planète toute entière. Dit en d’autres termes, il génère un système de captation des richesses criminels.
Ce 1% est, disons-le haut et fort, responsable d’un écocide et d’un génocide latent.
D’après les calculs rapportés par Oxfam :
En 2015, 62 personnes possédaient à elles seules les mêmes richesses que 3,6 milliards de personnes (soit la moitié la plus pauvre de l’humanité) contre 388 personnes en 2010 (177 en 2011, 159 en 2012, 92 en 2013, 80 en 2014, et… 8 en 2017).
En 2015, la fortune de cette caste a augmenté de 45 % entre 2010 et 2015, soit une hausse de 542 milliards de dollars, pour s’établir à 1 760 milliards de dollars. Parallèlement, les richesses de la moitié la plus pauvre de l’humanité ont diminué de plus de 1000 milliards de dollars au cours de la même période, soit une chute de 38 %.
Entre 1988 et 2011, les 10 % les plus riches
de la population se sont arrogé 46 % de la croissance globale des revenus, alors que les 10 % les plus pauvres n’en ont reçu que 0,6 %. Ces 10 % les plus riches ont touché plus de revenus que les 80 % les plus pauvres, et plus de quatre fois le montant reçu par les 50 % les plus pauvres.
Et sur la même durée, les 1 % les plus riches ont perçu une part de la croissance globale des revenus supérieure à celle de l’ensemble des 50 % les plus pauvres, soit 50 fois plus de personnes.
Oxfam, dans son rapport poursuit :
Depuis le début du XXIe siècle, la moitié la plus pauvre de la population mondiale a bénéficié de seulement 1 % de l’augmentation totale des richesses mondiales, alors que les 1 % les plus riches se sont partagé la moitié de cette
hausse.
Près de 30% de la fortune des riches Africains, soit 500 milliards de dollars, est placé sur des comptes offshore dans des paradis fiscaux. On estime que cela représente un manque à gagner fiscal de 14 milliards de dollars par an pour les pays africains. Cette somme couvrirait à elle seule les soins de santé susceptibles de sauver la vie à 4 millions d’enfants et permettrait d’employer suffisamment d’enseignants pour pouvoir scolariser tous les enfants africains.
Il y a pire… un réseau mondial de paradis fiscaux a permis aux plus riches de cacher plus de 7 600 milliards de dollars !
Oxfam, après ses quelques calculs, donne le ton juste : la lutte contre la pauvreté est vaine si la crise des inégalités n’est pas résolue !
(Rapport d’Oxfam, « Une économie au service des 1 % », 2016)
https://www.oxfam.org/fr/rapports/une-economie-au-service-des-1
Vous le voyez, les 1% des plus fortunés possèdent plus de la moitié des richesses mondiales : ils ont autant de richesse qu’au minimum 3,6 milliards d’individus ! Et les 0,1% les plus riches (les ‘ultra-riches’) ont autant de richesses que 90% de la population !
En 2017, 50% de la population mondiale n’a pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale, tandis que ce 1% des plus riches (huit individus !) en a empoché 82% ! (Rapport d’Oxfam, « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », 2018)
https://www.oxfam.org/fr/salle-de-presse/communiques/2018-01-22/les-1-les-plus-riches-empochent-82-des-richesses-creees-lan
En France, par crainte de la fuite des capitaux nécessaires au financement de l’économie réelle, vaste foutaise, on a donné carte blanche aux plus riches : suppression de l’ISF, bouclier fiscal, flat taxe. On a défiscalisé la fortune des plus riches français, ce qui représente un manque à gagner pour réduire les inégalités sociales et ainsi financer l’État providence : au lieu de prendre aux plus riches pour donner aux plus pauvres, on prend aux pauvres pour donner aux plus riches (contrairement au keynésianisme des années trente qui assurait une relative paix sociale et une prospérité pour tous).
Et contrairement a la théorie du ruissellement défendue par les libéraux et monétaristes, les riches ne partagent pas : les riches confisquent.
Ils constituent, en accumulant les richesses, des fondations, des clubs, des lobbies, des think tank, bref des cercles extrêmement fermés. Or ce qu’il faut dire, haut et fort, est que cette théorie libérale du ruissellement justifie l’établissement d’un État dans l’État.
Et leur philanthropie ostensible constitue en réalité un système qui détourne les États souverains dans leur lutte contre la pauvreté : leur fortune est chiffrée et officielle, leurs actions est arbitraire et officieuse.
Il s’agit, pour ces philanthro-capitalistes non de charité ou de dons mais de profits et de spoliation des richesses à l’origine d’une domination économique sous forme de nouveaux marchés et monopoles qui retournent à ces mêmes nantis.
Les inégalités n’ont jamais étés aussi criantes entre les plus riches et les plus pauvres. La démocratie est impuissante a réduire les inégalités par la redistribution assurée par la fiscalité, et favorise au contraire l’accumulation des fortunes chez ces milliardaires. En effet, les impôts taxant les plus aisés n’ont jamais étés aussi faibles depuis trente ans.
Les politiques se rendent volontairement complices de ce système. Rappelez-vous, ce n’était pas il y a très longtemps, un tournant en 2015, les scandales liés à l’évasion fiscale et autres Paradise papers.
Et aujourd’hui, pour la France, l’évasion fiscale, c’est 100 milliards d’euros chaque année !
La démocratie à la solde du capitalisme est dès lors qu’un outil à l’enrichissement des plus riches.
Cette économie au service des 1% est tout simplement criminelle. Rendez-vous compte, suite à la crise financière de 2008, ces 1% ont accaparés 95% de la croissance mondiale (Wall Street Journal) alors que des millions de personnes au même moment perdaient leurs emplois, leurs retraites, leurs maisons, perdant toute forme de sécurité.
Il s’agit là d’une véritable conspiration d’une caste élitiste qui gouverne en sous main et qui se sucre sur les marchés financiers. Cette caste agit en catimini dans les coulisses du pouvoir avec une efficacité redoutable.
Ce sont là les véritables donneurs d’ordre tapi derrière un masque de charité, car ce 1% de la population déconnecté de l’humanité y compris la sienne, déconnecté de la planète, déconnecté de la vie, impose un contrôle sur notre devenir sous toutes ces formes : économiques, politiques, philosophiques et technologiques. Ils sont co-auteurs du vice sous tous ces aspects.
Cette caste exploite la démocratie, exploite le peuple, exploite les ressources de la planète pour faire de l’argent sur l’argent, en maximisant leurs profits.
Ils s’engraissent sur la souffrance des plus démunis.
Plus qu’un chiffre, c’est tout un système qui est concentré dans cette statistique alarmante.
1% : ci-gît les racines du mal…
Pour aller plus loin :
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, John Maynard Keynes, 1936.
La Route de la servitude, Friedrich Hayek, 1944
Les Ghettos du gotha, Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon, 2007.
Le Capital au XXIᵉ siècle, Thomas Piketty, 2013.
La violence des riches – Chronique d’une immense casse sociale -, Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon, 2014.
Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ? – Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, Etienne Lécroart, 2018.
1 % : Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches, Vandana Shiva, 2019.
Inegalités mondiales – Le destin des classes moyennes, les ultras-riches et l’égalité des chances -, Branko Milanovic, 2019.
Cordialement,