Pour qui sonne le glas !
« La France, mes chers compatriotes, je l’aime passionnément. J’ai mis tout mon coeur, toute mon énergie, toute ma force, à son service, à votre service. Servir la France, servir la paix, c’est l’engagement de toute ma vie. » (Jacques Chirac)
C’était Chirac !
D’un esprit visionnaire chevillé à un corps titanesque, Chirac respirait la terre qu’il épouse à présent de sa force dantesque.
Un appétit féroce et l’histoire retient cet ogre de la vie, cet ogre du pouvoir, cet ogre de l’amour dédié à son peuple.
Pas d’idéologie, mais des idées, pas de rigueur mais une vigueur d’âme, pas de grandeur sinon celle du cœur.
Il demeure de ce monstre sacré les effluves de sa cigarette d’une époque avec lui révolue.
Avec lui s’achève un monde, celui des monstres sacrés de la politique française et du vingtième siècle.
C’est lui qui reconnu la culpabilité de la France durant l’occupation nazie, notamment la rafle du Vel d’Hiv, c’est lui encore qui dit ce NON à la coalition américaine au moment de l’intervention en Irak en 2003 sans l’accord de l’ONU, sans oublier ses mesures sociales, lui le créateur du SAMU social et l’instigateur du RMI alors qu’il était maire de Paris. Précisons ici le thème de sa campagne présidentielle en 1995 sur la fracture sociale : le combat contre les inégalités croissantes entre les plus riches et les plus pauvres en France.
Avec lui s’éteint la grandeur de la Vème République, à présent vulgaire startup nation : le monde des nouvelles technologies, le monde de l’information continue, le monde des réseaux sociaux, le monde de l’hygienisme auréolé du règne de la performance, de la rentabilité et du libéralisme.
Avec lui, la flamme du gaullisme s’éteint et une page de l’histoire se tourne. La France de Chirac a connu la guerre d’Algérie, mai 68, l’IVG, l’abolition de la peine de mort (il a voté pour), la guerre froide, un peuple libre et fier de son destin.
Aujourd’hui, la France s’égare dans un monde multipolaire rongé par le radicalisme religieux et le libéralisme économique incarné par ses successeurs fallots (Sarkozy, Hollande, Macron) instituant l’Ordo libéralisme.
Il n’est plus question d’histoire, il est question de dettes, il n’est plus question d’une certaine idée de la France (de Gaulle) mais de parts de marché à vendre au niveau mondial, il n’est plus question de bières devant un match de télé mais d’un Starbuck coffee devant son smartphone.
Cette France qu’il aimait et qui l’aimait est à présent en deuil.
Chirac ne fut pas toujours honnête en politique, la malédiction du pouvoir ne l’épargna guère mais à la transparence totale, il répondait d’un « pschitt » ou « abracadabrantesque »…
En effet, il n’était pas avare de pots de vin et en arrangements en tout genre, notamment le financement de son parti par les emplois fictifs de la ville de Paris.
Mais à côté de ces scandales à répétition, Chirac, travailleur acharné, incarnait le mec sympa toujours prêt à se dévouer à la cause des plus faibles. En privé, un homme altruiste, d’une grande bonté, le cœur sur la main : il a énormément aidé, sans jamais le dire, des milliers de personnes dans le dénuement, il a imposer de force, contre son parti et contre la gauche, le RMI, alors que certains francs-maçons associés à la Cabale française ont tout fait pour l’en empêcher. Conscient de l’inéluctabilité de la marche du monde, il luttait à sa manière contre le Nouvel Ordre Mondial, bien que sa lutte soit tristement inefficace.
La France en deuil pleure un homme, l’un des leurs.
Cette mort nous invite à prendre conscience, nous patriotes, de la grandeur de notre condition humaine.
Cordialement,