Ceci n’est pas un problème de voile.
D’après l’enquête publiée par le JDD, dimanche dernier, 78% des français jugent que la laïcité est aujourd’hui en danger en France, quand bien même ils estiment que ce sujet passe après d’autres priorités (santé, chômage, pouvoir d’achat, délinquance et environnement).
27% estiment que le principe de laïcité vise avant tout à « séparer les religions et la politique », 26% à « faire reculer l’influence des religions dans notre société, et 22% à « assurer la liberté de conscience ».
Ce qui illustre au coeur de la population française l’incompréhension du concept de laïcité.
Par ailleurs, selon l’Ifop, 48% des musulmans considèrent que c’est à la laïcité de s’adapter à l’islam, 27% souhaitent l’application de la charia, 68% considèrent que les femmes et les jeunes filles doivent pouvoir porter le voile dans des lieux publics.
Ce qui montre une fracture de la République, menacée par l’islam politique.
Si l’actualité politique a donné un rôle central au problème du voile, il n’est en réalité que la face immergée d’un immense iceberg : le problème de l’intégration des musulmans sur le territoire français et plus généralement européen !
Comment intégrer les musulmans au modèle républicain ? C’est la question prononcée du bout des lèvres par nos politiques. L’Islam est-il soluble dans les valeurs françaises ?
La vague d’immigration née de la décolonisation dans les années 60 pose le problème de l’intégration de ces descendants, nés français, mais aujourd’hui en marge de la République dans un contexte de chômage massif et de ghettoïsation, loin de l’apogée des trente glorieuses.
L’Europe a connu dans son histoire plusieurs vagues d’immigration qui constituent ce qu’on appelle en sociologie un fait social.
Plusieurs approches font controverse aujourd’hui avec l’afflux de nouvelles populations qui ne partagent ni les traditions ni la religion du Vieux Continent.
Rappelons qu’en sociologie, le multiculturalisme ou l’acculturation définit la politique d’intégration de l’Allemagne ou de l’Angleterre et la coexistence de plusieurs communautés de valeur dans le respect de la citoyenneté. La démocratie fondée sur la vocation universelle de nation et l’égalité de chaque citoyen conduit la France a adopter une politique d’intégration visant l’assimilation de chaque étranger, le conduisant à se fondre dans le modèle républicain, sa laïcité, ses normes et ses valeurs.
Force est de constater que ce modèle est aujourd’hui en panne, même en l’accompagnant de discrimination positive : par exemple, la préférence ethnique dans le respect des quotas dans les grandes écoles de la République.
En effet, le rouleau compresseur jacobin repose sur le triptyque École, État et emploi…Or ces trois institutions sonnent le glas de l’intégration. L’école avec la crise de l’autorité et le malaise enseignant, l’État avec la remise en cause de la démocratie providentielle, l’emploi avec un chômage de masse touchant en premier lieu les plus faibles et les immigrés.
Face à cette faillite de l’intégration, la réaction est de deux ordres chez les enfants d’immigrés : soit une perte de toute référence, origine de l’anomie, soit le repli pathologique sur une tradition décontextualisée… Ou désocialisation ou traditionalisme exacerbé dont le machisme brutal devient un indicateur sociétal. De là apparaît la cristallisation autour de la question du voile, pour ce qui est perçu par les français, comme une ethnicisation des valeurs qui s’opposent à une possible intégration des populations, venues d’ailleurs, aux valeurs de la République.
Le port du voile fait donc rage, mais n’est qu’un symptôme d’un problème bien plus grave, et n’est que le miroir de la faillite de l’intégration d’un modèle républicain en pleine perdition…
Et si on remettait à plat notre politique d’intégration ? L’important est d’insister sur le rôle inviolable de la laïcité intrinsèque à notre République. Il faut rappeler que notre République est Une, Indivisible et Laïque.
Et que nous ne pouvons tolérer la marginalité de populations refusant de la respecter.
Comme le rappelais Aristide Briand « La loi protège la foi tant que la foi ne fait pas la loi ».
Expression du culte : oui et libre, mais pas d’interférence avec les règles républicaines cantonnant la religion à la sphère privée.
Un Islam de France ? Non une République française !
Cordialement,