Avertissement sur l’escalade nucléaire
Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, Erich Vad, général de brigade allemand à la retraite et ancien conseiller militaire de la chancelière Angela Merkel, a exprimé des réserves profondes concernant la stratégie occidentale face à ce conflit. Sa voix, dissonante parmi les partisans d’une ligne dure vis-à-vis de la Russie, s’élève pour appeler à une désescalade immédiate et à un retour aux négociations diplomatiques. Pour Vad, une victoire militaire contre la Russie est non seulement irréaliste, mais une telle poursuite de l’escalade pourrait aboutir à un conflit nucléaire, avec des conséquences dévastatrices pour l’Europe et le monde.
L’impossibilité d’une victoire militaire contre la Russie
Depuis ses premières déclarations en 2022, Vad souligne que la Russie, en tant que puissance nucléaire majeure, ne peut pas être vaincue par des moyens militaires conventionnels. L’idée que l’Ukraine puisse renverser la situation par des gains militaires sur le champ de bataille est « insoutenable ». Il considère que la Russie, bien qu’ayant subi de lourdes pertes, reste déterminée à poursuivre le conflit et dispose de ressources stratégiques considérables pour résister à la pression occidentale. Ainsi, prolonger le conflit ne fera que pousser la Russie à redoubler d’efforts, augmentant ainsi le risque d’escalade.
En 2022, il déclarait déjà que la guerre en Ukraine pourrait se transformer en une guerre d’attrition, un scénario qui entraînerait des pertes humaines massives sans réel gain stratégique.
En 2023, ses avertissements se sont intensifiés. Vad qualifie les victoires militaires ukrainiennes de « temporairement encourageantes » mais de « militairement insoutenables » à long terme.
Il insiste et maintient que la Russie, avec son arsenal nucléaire, ses ressources naturelles et sa position géopolitique stratégique, ne peut être vaincue dans un conflit prolongé sans que l’Europe ne se mette gravement en danger.
Risques d’une escalade nucléaire
Ce qui préoccupe le plus E. Vad, ce sont les risques d’escalade nucléaire. Il estime que la guerre actuelle pourrait se transformer en une confrontation nucléaire si la Russie, acculée, percevait une menace existentielle. Les armes nucléaires sont une option que Moscou envisagerait si l’Occident continue de pousser ses efforts militaires. Ainsi, en 2023, il a averti que le déploiement de missiles américains à moyenne portée en Europe pourrait être perçu par la Russie comme une provocation directe, augmentant ainsi les chances d’une riposte nucléaire. À cela s’ajoute les critiques de la politique actuelle de l’OTAN, que Vad juge trop belliciste, en insistant sur le fait que cette escalade militaire ne fera que provoquer une réaction plus agressive de Moscou.
En effet, il compare cette situation à la guerre froide, où la dissuasion nucléaire empêchait tout affrontement direct entre grandes puissances. Aujourd’hui, cependant, la militarisation progressive de l’Ukraine par l’Occident fait planer le spectre d’un conflit nucléaire incontrôlable.
L’heure est grave, un appel vital
Contrairement à ceux qui prônent une ligne dure en augmentant les livraisons d’armes à l’Ukraine, Erich Vad plaide pour une désescalade immédiate et le recours à la diplomatie. Prolonger la guerre ne fait qu’aggraver la situation pour toutes les parties impliquées. Il appelle donc à l’arrêt des livraisons d’armes lourdes à l’Ukraine et à l’ouverture de pourparlers.
Il est impératif de reconnaître certaines des revendications géopolitiques de la Russie, notamment en Crimée et dans le Donbass, si l’on veut éviter une escalade plus dangereuse. Bien que cette position soit impopulaire parmi certains dirigeants occidentaux, il soutient que sans concessions de part et d’autre, la paix sera impossible. En mars 2023, Vad a qualifié la politique médiatique allemande de « propagande », critiquant l’exclusion des points de vue militaires plus modérés dans les débats publics.
Selon Vad, la situation actuelle est extrêmement grave. Il déclare que continuer sur la voie actuelle, axée sur une intensification militaire, pourrait détruire non seulement l’Ukraine, mais aussi toute l’Europe. La situation est d’autant plus alarmante que la Russie se sent de plus en plus menacée par l’OTAN. Vad préconise une approche qui inclut non seulement la fin de l’armement de l’Ukraine, mais aussi la reconnaissance des préoccupations de sécurité de la Russie, seule voie possible vers une paix durable.
Dans ses analyses, Vad appelle à un retour à la prudence et à la diplomatie, rappelant que la guerre contre une puissance nucléaire comme la Russie ne peut être gagnée par des moyens conventionnels. L’histoire, selon lui, doit nous servir de leçon, et il exhorte les dirigeants européens à éviter une confrontation qui pourrait conduire à une catastrophe nucléaire.
Les avertissements d’Erich Vad doivent être pris au sérieux. Depuis 2022, il exprime des inquiétudes croissantes face à la stratégie occidentale en Ukraine, mettant en garde contre une escalade qui pourrait dégénérer en conflit nucléaire. Il insiste sur la nécessité d’une désescalade immédiate et d’un retour aux négociations, tout en soulignant l’impossibilité d’une victoire militaire contre la Russie.
À travers ses analyses, Vad invite à repenser les priorités géopolitiques de l’Europe et de l’Occident pour éviter un scénario de catastrophe mondiale.
Le Renseignement allemand
En complément à l’analyse du général Erich Vad, l’inquiétude grandissante autour des intentions de la Russie s’intensifie avec les récentes déclarations de Bruno Kahl, chef du service de renseignement extérieur allemand (BND).
Selon lui, le président russe Vladimir Poutine cherche à « tester les lignes rouges de l’Occident » et serait prêt à un affrontement militaire direct avec l’OTAN d’ici la fin de la décennie. Cette évaluation souligne la détermination du Kremlin à étendre son influence en Europe et à éjecter l’armée américaine du continent, tout en se préparant potentiellement à une confrontation militaire.
Kahl rejoint ainsi la vision de plusieurs analystes et responsables militaires occidentaux qui avertissent d’une escalade possible si des mesures ne sont pas prises pour freiner l’ascension militaire russe. Poutine, toujours selon Kahl, considère non seulement l’Occident comme un adversaire, mais perçoit également des faiblesses dans la cohésion transatlantique, notamment en raison des différences de dépenses militaires entre les États-Unis et l’Union européenne.
Ce qui rend la situation encore plus précaire, c’est le spectre d’une guerre nucléaire. Depuis le début de l’invasion en 2022, la Russie a multiplié les menaces nucléaires, notamment en mettant en alerte ses forces stratégiques et en réalisant des essais de missiles intercontinentaux. La RAND Corporation a récemment publié une étude soulignant que la crainte d’une attaque nucléaire russe pourrait augmenter si Poutine sentait que son régime était menacé par des pertes militaires insurmontables en Ukraine. Le risque de « malentendus » ou d’erreurs de calcul entre les forces de l’OTAN et la Russie reste également une menace sérieuse.
Ainsi, les signaux d’une possible escalade, qu’elle soit conventionnelle ou nucléaire, sont pris très au sérieux par les services de renseignement allemands et les analystes militaires occidentaux. Le dilemme stratégique actuel consiste à savoir jusqu’où pousser le soutien à l’Ukraine sans franchir des lignes qui pourraient provoquer une réponse catastrophique de la Russie.
Les déclarations récentes de Kahl viennent donc ajouter un niveau d’urgence supplémentaire aux efforts diplomatiques visant à trouver une issue à ce conflit sans risquer une confrontation directe avec Moscou.
En conclusion, si les récents discours de Bruno Kahl et les mises en garde du général Erich Vad alertent sur la montée en puissance de la Russie et les risques d’un affrontement direct avec l’OTAN, il est crucial de ne pas négliger le jeu diplomatique qui se trame en coulisse. En réalité, ces tensions exacerbées pourraient faire partie d’une stratégie plus large de la Russie visant à maximiser son avantage lors des futures négociations avec les États-Unis, notamment avec Donald Trump lorsqu’il reviendra officiellement à la Maison-Blanche.
Vladimir Poutine, bien conscient de l’impasse militaire en Ukraine, mise sur une diplomatie de « surenchère » pour pouvoir obtenir des concessions sans trop de sacrifices lors de discussions futures avec un partenaire plus réceptif à ses conditions, comme Trump.
Il est donc probable que, malgré l’escalade rhétorique actuelle, la Russie temporisera ses actions majeures jusqu’à ce changement politique attendu aux États-Unis, qui marquera un tournant décisif pour la fin du conflit ukrainien. V. Poutine sait très bien qu’il devra arrêter la guerre dans les 12 mois qui suivront l’arrivée de Trump à la Maison Blanche.
Cette perspective permet de nuancer avec les discours alarmistes et pourrait expliquer une relative modération de la Russie dans les prochains mois, malgré la gravité des tensions apparentes.
En ce sens, la diplomatie occulte joue un rôle central, et l’issue du conflit pourrait bien dépendre de la reconfiguration des relations américano-russes à partir de 2025.
Cordialement,
Sources
www.wsws.org/fr/articles/2023/03/01/vnte-m01.html
www.bloomberg.com/news/articles/2024-10-14/putin-bent-on-testing-west-s-red-lines-german-spy-chief-says
RAND Corporation Analysis, septembre 2023
Wikipedia, « Nuclear risk during the Russian invasion of Ukraine »
WSWS.org – « Erich Vad: La vérité sur la guerre d’attrition en Ukraine »
Russia Matters – « Le réarmement allemand face à la guerre en Ukraine »
RAND – « Escalation in Ukraine: Russia’s Growing Territorial Claims »
Naked Capitalism – « Erich Vad on the risk of escalation in Ukraine »
Frankfurter Allgemeine – « Erich Vad: une solution militaire est impossible »
Spiegel – « Vad calls for diplomacy to avoid nuclear escalation »
Tagesschau – « Ukraine-Russia conflict: Erich Vad’s perspective »
Süddeutsche Zeitung – « Germany’s response to Ukraine war criticized by Erich Vad »
Russia Today – « Ex-advisor Merkel: Ending the war without NATO escalation »
Deutsche Welle – « Military strategies in Ukraine: Insights from Erich Vad »